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Le travail forcé en Afrique occidentale française

Les autorités coloniales françaises ont recruté des soldats indigènes africains dès le début de la conquête de l'Afrique de l'Ouest au 19e siècle, dans le but de conquérir l'intérieur des terres et conserver les territoires nouvellement acquis. Ces troupes africaines ont été appelées "Tirailleurs Sénégalais", la première unité permanente de soldats Africains ayant été recrutée au Sénégal en 1857. Ce système de conscription devient quasi-universel en Afrique Occidentale Française jusqu'aux indépendances dans les années 1960. Pour faire face à une pénurie de main d'œuvre dans les territoires colonisés, une partie des réservistes de cette armée coloniale furent employés de force pour des travaux d’infrastructure durant la période de 1927 à 1948.

L'administration coloniale française a établi des registres individuels des jeunes Africains recrutés dans l’armée coloniale française comme soldats, travailleurs forcés ou réservistes.

Extraction d'information dans les fiches individuelles

Afin d’étudier l’impact de ce système de conscription sur le développement local en particulier au Mali, Marion Richard, Zhexun Mo et Ismaël Yacoubou Djima, doctorants à Paris School of Economics, ont contacté TEKLIA pour réaliser une extraction automatique d’information à partir des fiches individuelles des soldats et conscrits d’Afrique occidentale française conservés aux archives du Service Historique de la Défense.

L'objectif était d'extraire automatiquement une vingtaine d'information pouvant être présentes dans les dossiers, et renseignés de manière manuscrite : nom et prénom, état civil, affectations, condamnations, etc.

Entrainement du modèle

Un échantillon aléatoire et représentatif de 470 doubles pages a été saisi manuellement dans un fichier tabulaire, pour constituer le jeu d'entrainement du modèle. En utilisant un modèle d'extraction intégré réalisant en une seule étape la localisation, la reconnaissance et le typage de l'information manuscrite, TEKLIA a pu obtenir une extraction automatique des informations souhaitées avec un taux de qualité (F-mesure) entre 85% et 98%.

Le modèle a été utilisé pour traiter automatiquement 197 000 fiches individuelles. Les résultats ont été livrés aux chercheurs et sont en cours d'analyse.

Pour en savoir plus sur le modèle:

Exemple de reconnaissance

La fiche suivante a été traitée automatiquement par le modèle. Le modèle a traité une version non anonymisée.

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  • Nom : XXX
  • PrĂ©noms : XXX
  • NĂ© en : 1908
  • NĂ© Ă  (village) OugoucorĂ© DialloubĂ©
  • Province ou cercle de : Goundam
  • Pays : Mali
  • RĂ©sident Ă  : OugoucorĂ© DialloubĂ©
  • Province ou cercle de.1 : Goundam
  • Fils de (père) : XXX
  • et de (mère) : XXX
  • Classe de mobilisation : 1930
  • DĂ©cision de la commission : 2ème portion
  • Corps d'affectation successifs : 1
  • AntĂ©cĂ©dants judiciaires : 0
  • A compter du : 1-1-1930
  • Profession : pĂŞcheur

Conclusion

Les technologies de reconnaissance de documents offrent désormais la possibilité d'extraire à grande échelle des informations manuscrites qui étaient, jusqu'alors, inaccessibles ou uniquement exploitables au travers d'une indexation manuelle longue et coûteuse. Cette avancée technologique ouvre des horizons inédits pour les recherches en sciences humaines et en économie, révolutionnant la manière dont nous abordons et analysons notre patrimoine historique et culturel.

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Références

Illustration : GUINÉE – Travaux du Chemin de fer de Konakry au Niger. CGF1 195. Collection Edmond Fortier. https://edmondfortier.org.br/

[1] Babacar Fall, « Le travail forcé en Afrique occidentale française (1900-1946) », Civilisations, 41, 1993, mis en ligne le 30 juillet 2009, consulté le 02 juin 2023. URL : http://journals.openedition.org/civilisations/1717 ; DOI : https://doi.org/10.4000/civilisations.1717

[2] Catherine B. Ash, « Forced Labor in Colonial West Africa », History Compass 4/3 (2006): 402–406, https://doi.org/10.1111/j.1478-0542.2006.00327.x